Des soupçons de fraude pèsent sur les compétitions de judo paralympique
Les Jeux paralympiques de 2024 à Paris ont été éclipsés par des allégations de fraudes généralisées dans les compétitions de para-judo, en particulier dans la catégorie « J1 » pour les athlètes complètement aveugles. Selon les enquêtes de la chaîne ARD menées par une équipe composée du célèbre journaliste d'investigation Hajo Seppelt, des vidéos ont fait surface montrant des athlètes censés être aveugles se livrant à des activités telles que l'utilisation de téléphones portables et le jeu de cartes, des actions qui seraient impossibles pour une personne souffrant d'une déficience visuelle grave. Ces vidéos font partie d'un ensemble croissant de preuves suggérant que certains athlètes pourraient exploiter les faiblesses du système de classification pour concourir de manière déloyale.
L'Association internationale des sports pour aveugles (IBSA), chargée de classer les athlètes pour le Comité international paralympique (IPC), a été critiquée pour son système, jugé facile à manipuler par les experts. La classification repose sur des évaluations subjectives qui peuvent être falsifiées, permettant aux athlètes ayant des handicaps moins graves de concourir dans des catégories réservées à ceux qui ont des handicaps plus importants, et d'obtenir ainsi un avantage injuste.
Un lanceur d'alerte de renom, le para-judoka ukrainien Yurii Marchenko, a affirmé que certains de ses coéquipiers classés comme aveugles possédaient des permis de conduire valides, ce qui est une contradiction flagrante, car le niveau de déficience requis pour la classification devrait rendre la conduite impossible. Les efforts de Marchenko pour dénoncer cette fraude présumée ont conduit à son exclusion de l'équipe nationale et des Jeux paralympiques de Paris. Il a accusé le Comité paralympique ukrainien d'ignorer ses preuves et d'avoir permis à des fraudeurs présumés de concourir.
Le problème ne se limite pas à l'Ukraine. L'Azerbaïdjan, qui a dominé le para-judo aux Jeux paralympiques de Tokyo 2021, est également sous surveillance. Le président de l'IBSA, Ilgar Rahimov, est originaire d'Azerbaïdjan, ce qui suscite des inquiétudes quant aux conflits d'intérêts potentiels et à la corruption au sein de l'organisation. Le leadership de Rahimov a été controversé, avec des accusations d'intimidation et de manipulation au sein de l'IBSA, ce qui complique encore davantage l'intégrité du processus de classification.
Un cas particulièrement suspect concerne la judoka azerbaïdjanaise Shahana Hajiyeva, championne paralympique de Tokyo, qui a été soudainement disqualifiée de la compétition à Paris en raison de problèmes avec ses documents de classification. Cette affaire a alimenté les inquiétudes selon lesquelles le système de classification serait exploité par les athlètes et les officiels.
Ces allégations de fraude ne se limitent pas au para-judo mais s'étendent à d'autres sports paralympiques, suscitant des contestations judiciaires et des appels à des réformes. Une affaire historique est actuellement entendue par le tribunal régional de Cologne, où un para-athlète américain conteste le système de classification actuel, arguant qu'il permet des décisions arbitraires qui peuvent avoir un impact injuste sur la carrière des athlètes.
L'issue de cette affaire pourrait avoir des conséquences importantes sur l'avenir des Jeux paralympiques, en entraînant potentiellement une refonte majeure du système de classification des athlètes et en garantissant que seules les personnes souffrant d'un handicap réel puissent participer à ces prestigieuses épreuves. La décision du tribunal est attendue à la mi-septembre et pourrait marquer un tournant pour l'intégrité du mouvement paralympique.
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