Aleksandar Kukolj, membre de la commission sportive de l'UEJ, recommande la simplicité du judo
Aleksandar Kukolj, membre de la commission sportive de l'Union européenne de judo, a récemment exprimé ses inquiétudes concernant l'évolution des règles du judo. Dans son message détaillé, Kukolj a fait valoir que les récents changements dans la réglementation du judo n'ont pas été suffisamment testés ou évalués de manière critique avant d'être mis en œuvre. Il estime que les règles qui en résultent, bien que destinées à moderniser et à améliorer le sport, finissent souvent par introduire des complications et des incohérences supplémentaires qui nuisent à l'expérience des athlètes et des téléspectateurs.
Kukolj identifie plusieurs domaines clés qui nécessitent un réexamen. Tout d’abord, il souligne l’écrasante *complexité* des règles du judo, notant que même les compétiteurs expérimentés ont souvent du mal à les interpréter ou à les comprendre pleinement. La multitude de *restrictions* et d'interdictions infimes, telles que des pénalités pour des infractions mineures aux prises ou aux techniques de travail de base, conduisent à une « surcharge destructrice » qui rend difficile pour les athlètes de rester concentrés sur la stratégie et la créativité pendant les matchs. Il suggère que le règlement soit simplifié afin que les athlètes puissent anticiper plus facilement les appels des arbitres.
De plus, Kukolj souligne des *incohérences* importantes dans les règles. Il cite, par exemple, l'interdiction simultanée de certaines prises tout en pénalisant les athlètes pour rupture de prise, et les restrictions sur les prises de jambes qui peuvent entraîner des sanctions pour des techniques qui pourraient autrement être dynamiques et plaire à la foule. Il critique également l'abondance des *exceptions*, ou cas particuliers, qui compliquent les règles du judo, tout comme une grammaire irrégulière complique l'apprentissage des langues. Kukoj explique plus en détail dans une interview avec Hans van Essen de JudoInside : « Interdire les saisies de jambes et donc beaucoup de techniques classées au kodokan, tout en n'acceptant pas de nouvelles solutions de lancer avec explication, ce n'est pas un kodokan classé. »
Un aspect particulièrement troublant des règles actuelles, selon Kukolj, est la prévalence de *situations gagnant-perdant*, dans lesquelles des infractions mineures peuvent entraîner des résultats déterminés par des critiques vidéo. Il soutient que la présence de nombreuses petites infractions peut amener les athlètes à « marcher sur le fil du rasoir », ce qui pourrait miner leur confiance et leur créativité en compétition. Un autre sujet de préoccupation important est la règle des *attaques fautives*, selon laquelle l'évaluation de la légitimité d'une attaque basée sur l'intention plutôt que sur les effets observables peut conduire à des styles de combat défensifs et moins conviviaux pour le spectateur. Kukolj préconise des critères d'évaluation plus clairs et plus simples pour les attaques légitimes, axés sur la vulnérabilité du concurrent aux contre-attaques et leurs effets sur l'adversaire.
Kukolj décrit également les conséquences involontaires de règles bien intentionnées, qu'il appelle « *l'effet cobra* ». Par exemple, pour tenter d’empêcher les atterrissages dangereux tête première, une interdiction stricte de tout contact avec la tête a été imposée, ce qui a conduit les athlètes à exploiter cette situation en forçant stratégiquement leurs adversaires à se placer dans de telles positions, donnant ainsi la priorité à la recherche de pénalités plutôt qu’à une véritable compétition. Il prévient également que les mesures de sécurité destinées à prévenir les chutes sur les paumes ou les fesses peuvent parfois aggraver les blessures, les athlètes tentant des méthodes d'atterrissage moins stables pour éviter les pénalités.
Concernant *l'utilisation de la technologie*, Kukolj s'inquiète du fait qu'une dépendance excessive aux critiques vidéo et aux définitions de règles précises a conduit à une augmentation des interruptions qui perturbent le déroulement des matchs. Il soutient que seules les actions affectant la notation devraient être revues afin de préserver l'esprit et le rythme du judo, plutôt que de microgérer chaque détail.
En conclusion, Kukolj appelle à une *approche holistique et axée sur la discussion* pour l'élaboration des règles du judo, en soulignant l'importance de la pensée critique et du débat collectif avant de mettre en œuvre des changements. Il souligne que les règles doivent être soigneusement élaborées en tenant compte à la fois du bien-être des athlètes et de l'intégrité du sport, plaidant en faveur d'un règlement clair et réfléchi qui équilibre la tradition et l'innovation.
En savoir plus sur les spéculations sur les changements de règles par JudoInside et JudoCrazy.